Actus – Réforme des lycées

Les disciplines artistiques sont particulièrement menacées par la réforme des lycées ! Au premier abord, peu à signaler dans la maquette horaire : juste une petite réduction mesquine. En effet, c’est l’enseignement d’exploration d’1H30, partagé avec le cinéma audiovisuel, en surplus de l’option facultative, qui n’existera plus. Certains lycées, fortement dotés en enseignements d’exploration à teneur artistique, vont se sentir dépeuplés.Mais là où le bât blesse bien plus, c’est d’une part dans le coefficient au bac de la facultative, et d’autre part dans la nature des heures attribuées aux établissements. Tous calculs faits, le coefficient au bac de l’option facultative, pouvant auparavant aller jusqu’à 5% du total des coefficients, dégringole à 1% dans la réforme. Très alarmés par l’assurance d’une désaffection annoncée (même motivés en arts plastiques, les élèves, l’année de terminale, concentrent leurs efforts et leur temps sur ce qui valorisera leur bac) nous avons écrit une lettre commune avec les autres associations de disciplines artistiques1 pour manifester notre inquiétude. Pas de réponse. L’APEMu a peu de temps après envoyé une salve un peu plus offensive : une pétition que nous appelons largement à signer. Nous en sommes là pour le moment. Par ailleurs, nous commençons maintenant à saisir l’ampleur des dégâts d’un système de répartition d’heures qui change avec la réforme. Certains enseignements sont assurés d’obtenir chacun un nombre d’heures calibré dans la DHG : ce sont les matières du tronc commun et celles des spécialités, par exemple en première : 4H, en Terminale : 6H. Ainsi, une part fixe d’heures est répartie entre ces enseignements selon un cadre qui est le même pour tous : 1H tous les 35 élèves. Nous avons une spécialité dite « rare » en discipline artistique, appelée « arts ». Si nous avons moins de 35 élèves, ils doivent se répartir dans les autres spécialités. Les autres enseignants auront du mal à accepter un surplus d’élèves au-dessus de 35 par la faute de spécialités rares mal remplies. Pour l’enseignement optionnel d’arts plastiques (seconde) et pour l’option (première, terminale), les heures attribuées sont dites « à la marge » et se partagent entre les différents enseignements choisis parl’établissement, l’accompagnement personnalisé (avec des dédoublements horaires à la clé) et les autres groupes et options. Autant dire que dès qu’une option est présente, les autres enseignements se voient d’autant réduire leurs heures de dédoublement. Et comme dans de nombreux lycées, les effectifs d’élèves vont de 35 à 37 élèves, on imagine l’amertume des collègues qui nous voient avec des effectifs plus faibles prendre ce qui pourrait être leurs heures de dédoublement ! Atmosphère délétère en perspective et séances en privé de lobbying dans le bureau du proviseur sont à envisager… En effet, ces heures « à la marge » sont très demandées et très peu nombreuses, déjà calibrées : 12 en seconde et 8 en première et en terminale. Les résultats de ces mesures extrêmement fragilisantes ne se sont pas fait attendre : selon leurs proviseurs, des spécialités ferment en 2019-20 dans certains lycées (Lycées de Privas, de Nancy…) et des options facultatives se voient déjà supprimées en grand nombre (ex : 4 dans l’académie de Nancy-Metz, où il n’y en a que 14 au total). Et c’est sans compter encore sur les effectifs désastreux qui seront consécutifs à un coefficient quasi inexistant pour le bac : les 3H d’option paraîtront bien trop coûteuses à toute la communauté scolaire ! Dans quelques années, les options seront-elles toutes passées à la trappe ?

 

1 Les Ailes du Désir (association des enseignants de Cinéma Audio Visuel, l’ANRAT (Association Nationale de

Recherche et d’Action Théâtrale) et l’APEMu (Association des Professeurs d’Éducation Musicale).

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